Chlamydia Trachomatis
chlamydiae (phylum) chlamydiales (ordre)
Aspect
- Bactérie Gram négatif, intracellulaire obligatoire
- Au microscope électronique on voit les vacuoles intracellulaires qui sont appelées corps d’inclusion (therme de virologie car on croyait que les chlamydias étaient des virus lors de leur découverte)

Pathogenèse
Les chlamydias sont des bactéries intracellulaires. Elles rentrent dans les cellules hôtes et forment des inclusions (vacuoles). Un système de sécrétion conservé dans l’ordre des chlamydiales leur permet de rentrer dans la cellule via la voie endocytique, puis de se rediriger vers la voie d’exocytose pour infecter d’autres cellules.
Ce qui est particulier avec ces bactéries, c’est qu’elles se présentent sous deux forment: le corps élémentaire, électron dense, qui est le corps infectieux, et le corps réticulé, qui est la forme qui se réplique. De plus, en cas de stress, ces bactéries peuvent former un corps aberrant, 10 x plus gros que le corps élémentaire (10 nanomètre -> 10 micromètres). Lorsque le stress diminue, elle retrouvent leur forme élémentaire ou réticulée.
Il existe 15 sérovars différents de C. trachomatis basé sur la variation des gènes OmpA,qui codent une protéine membranaire. Certains sont la cause du trachome (A,B, Ba, et C), d’autre d’infection sexuellement transmissibles (D-K). Ce tropisme tissulaire particulier est dû à son métabolisme. En effet, cette bactérie a besoin de tryptophane pour survivre. Les souches qui possèdent la tryptophane synthétase, codée par le gène TrpA causent les infections sexuellement transmissibles, alors que celles qui ont la mutation inactivatrice de ce gène causent le trachome. Cependant, certaines infections par le serovar B (trachome) causant des infections sexuellement transmissibles ont été documentées (1).
Les serovars D à K sont ceux causant l’infection urogénitale. les souches infectant les yeux n’ont pas besoin de tryptophane synthétase car cet acide aminé est présent dans les larmes, cependant les serovars D-K, qui causent des IST, ont besoin de cette enzyme car il n’y a pas assez de tryptophane dans les organes sexuels. En effet, certaines entérobactéries commensales produisent de l’indol, qui pourra être transformé via la tryptophane synthétase en tryptophane.
Lors d’une infection urogénitale par C. trachomatis, l’hôte va sécréter de l’INF gamma, ce qui va diminuer la concentration d’indol dans le milieu. Les chlamydia, n’ayant plus assez d’indol pour faire du tryptophane, se transforment en corps aberrant. Leur concentration s’amoindrissant en milieu extracellulaire, la production d’INF gamma dans le milieu extracellulaire va diminuer, ce qui provoque alors une augmentation de la production l’indol. Il y aura alors suffisamment d’indol pour produire du tryptophane, les chlamydias retourneront sous leur forme élémentaire, ce qui augmentera à nouveau l’INF gamma en milieu extracellulaire et ainsi de suite. Cette interaction entre le pathogène et l’hôte résulte typiquement en une infection chronique.
Il existe des « exceptions »: une mère infectée par la maladie sexuellement transmissible peut transmettre à son enfant une infection de l’œil mais qui ne causera pas le trachome, et un adulte qui se frotte l’œil avec du pus de l’urètre peu également se infecter. Mais les souches causant des IST ne causent pas la cécité !
Un des facteurs de virulence de C. trachomatis est le système sécrétion type 3 : ce qui lui permet de sécréter les protéines IncA, qui permettent une interaction homotypique et la fusion de vacuole.
Mode de transmission
Le trachome se transmet soit par une mouche, soit par contact avec des sécrétion nasale ou oculaire d’une personne infectée (contact direct).
En revanche, les infections sexuellement transmissibles (IST) se propagent par des relations sexuelles non protégées avec une personne infectée. Une transmission verticale est également possible si la mère est infectée et cela peut causer une infection des yeux chez l’enfant (exception).

Syndrome:
L’infection urogénitale, souvent asymptomatique, peut provoquer des cervicites, urétrites, salpingites, des abcès tubo-ovarien, des PID (Pelvic Inflammatory disease), des prostatites, voir des orchi-epididymites. C’est une des IST les plus fréquentes en Europe. Le cycle d’interaction particulier entre C. trachomatis et l’hôte (cycle de l’indol), peut provoquer une inflammation chronique des voies urogénitales et ainsi une fibrose. Si la fibrose atteint les trompes de Fallope, cela peut provoquer une infertilité tubaire et des grossesses extra-utérines (l’infection urogénitale à chlamydia est la première cause d’infertilité tubaire infectieuse). Si la fibrose s’étend à la cavité péritonéale, et plus particulièrement dans la région de l’hypochondre droit on parle de syndrome de Fitz-Hugh-Curtis . La propagation du milieu urogénital au milieu péritonéal est possible car il existe une communication entre le milieu externe et la cavité péritonéale par un espace entre les ovaires et les trompes de Fallope (sérovars D à K).
Le lymphogranulome vénérien est une maladie tropical. Il s’agit premièrement d’ulcères génitaux suivi la plupart du temps par résolution spontanée. Une infection secondaire peut donner lieu à des adénopathies et une rectite (sérovars D à K).
Le trachome est une atteinte oculaire qui se manifeste par un épaississement de la conjonctive, qui peut atteindre la cornée et provoquer la cécité (sérovars A,B,Ba et C).
Diagnostic:
Pour les IST, le diagnostique de l’infection se fait par PCR parce que c’est une technique de grande sensibilité, ce qui permet détecter la chlamydia entre ses pics de concentration (cycle de l’indol). La sérologie n’est pas utilisé en clinique car une grande partie de la population a déjà été en contact avec C. pneumoniae. Etant donné que ces deux espèces stimulent la production d’anticorps similaires, il est difficile de faire la différence entre une infection par C. trachomatis ou C. pneumoniae. Les tests antigéniques sont abandonnés pour le diagnostique des IST, car il est important d’utiliser une technique plus sensible. En effet, étant donné le cycle de vie tout à fait particulier des chlamydia lors d’infections chroniques des voies génitales, la quantité d’ADN et de protéines dans les échantillons varie beaucoup. Il est donc important d’utiliser des dépistages par PCR. La culture standard est impossible parce que C. trachomatis est une bactérie intracellulaire obligatoire. La culture cellulaire est utile à des fins de recherche.
Homme: dépistage à partir d’urine. On récolte le premier jet (les bactéries se trouvent les cellules de l’urètre et pas dans la vessie)
Femme: dépistage par frottis vaginaux ou cervicaux.
Le diagnostique du trachome est clinique.
Traitement
La pénicilline n’est pas active sur la chlamydia parce qu’elle ne possède pas de paroi. Dans le traitement on utilise les antibiotiques avec une bonne pénétration cellulaire comme les macrolides, quinolones, ou les tétracycline.
En 2020, 137 millions de personnes vivent dans des zones d’endémie du trachome dans plus de 44 pays. L’OMS a mis en place la stratégie CHANCE (Chirurgie, Hygiène, Antibiotique, Nettoyage du visage et Changement de l’environnement) pour lutter contre le trachome.
Remarque
Certains thermes utilisés pour décrire les chalmydias sont des thermes de virologie (réplication, corps d’inclusion), car on croyait au départ que les chlamydias étaient des virus.
En 2006 en Suède, un mutant de C. trachomatis a causé une épidémie d’IST. En effet, le dépistage par PCR comportait alors un seul site sur la plasmide. Des mutations dans cette région causèrent beaucoup de faux négatifs. Cela prouve l’importance de cibler deux zones distinctes sur les plasmides pour le dépistage par PCR.
Références
1: Ikehata M. & al., 2000, FEMS Immunol Med Microbiol., 27(1):35-41.