Anaplasma phagocytophilum
Pseudomonadota (phylum), Rickettsiales (ordre).
Aspect
Anaplasma phagocytophilum (anciennement appelé Ehrlichia phagocytophila) est une bactérie Gram- intracellulaire obligatoire possédant un tropisme particulier pour les neutrophiles de l’hôte, et capable de déréguler le système immunitaire.

Pathogenèse
La bactérie se lie à des protéines fucosylées et sialylées présentes sur la surface des neutrophiles de l’hôte, et grâce à l’utilisation d’un système de sécrétion de type IV : transfert de molécules vers les cellules de l’hôte. Apres l’entrée dans la cellule, l’endosome arrête sa maturation et donc il n’y a pas d’acidification de la vacuole et de fusion aux lysosomes. La bactérie commence ensuite à se diviser, généralement jusqu’à la lyse de la cellule hôte. La caractéristique principale de cette bactérie est sa capacité à déréguler la fonction des neutrophiles à son avantage. Elle survie à la première rencontre en détoxifiant les superoxide produits par les neutrophiles. Elle arrive ensuite à perturber toutes les fonctions normales de ces cellules immunitaires, comme par exemple l’adhésion, la mobilité et la dégranulation. En induisant une augmentation de la sécrétion de IL-8, elle induit une augmentation de la phagocytose des neutrophiles, ce qui facilite sa dissémination dans d’autres neutrophiles.
Réservoir - Trasmission
La transmission de cette bactérie se fait par les tiques (I. ricinus, I. scapularis et I. pacificus).
Son réservoir est représenté par différentes espèces de mammifères, surtout sauvages (le cerf, le chevreuil, l’écureuil, les musaraignes, les mouffettes, etc.), mais également domestiques.
Prévalence - Incidence - Impact sociétal
L’anaplasmose humaine causée par A. phagocytophilum et transmise par la tique I. scapularis fait partie des trois maladies à transmission vectorielle les plus importantes aux Etats-Unis.
- Aux États-Unis, le nombre de cas déclarés est en augmentation continue depuis que la maladie est à déclaration obligatoire. Les cas sont passés d’environ 350 en 2000, à presque 16000 en 2019.
- Augmentation de l’incidence due à l’impact du changement climatique et social sur la distribution des vecteurs arthropodes.
- Augmentation des cas déclarés en Asie et Europe centrale/du Nord.
- En cas d’anaplasmose, 28 à 54% des patients sont hospitalisés, avec un taux de décès d’environ 10%.
Maladie - Clinique - Biologie
Anaplasma phagocytophilum est responsable de l’anaplasmose humaine, maladie qui fait partie des ehrlichioses (avec l’ehrlichiose monocytaire humaine). Les symptômes de l’anaplasmose (similaires aux symptômes de l’ehrlichiose monocytaire) commencent en général 10-12 jours après la piqpure de la tique, et appairaissent de manière brutale. Ils peuvent comprendre:
- Fièvre
- Fatigue
- Nausée/vomissements
- Myalgies
- Toux
- Céphalées
- Sensation de malaise
Dans certains rares cas (plus fréquents en cas d’ehrlichiose monocytaire humaine) on peut avoir l’apparition d’une éruption cutanée sur le torse, les jambes et les bras. A noter que certains sujets infectés sont asymptomatiques.
D’un point de vue biologique on retrouve :
- Thrombocytopénie
- Leucopénie
- Anémie modérée
- Insuffisance rénale
- Augmentation des transaminases hépatiques, LDH et bilirubine.
L’anaplasmose peut s’accompagner d’une coagulation intravasculaire disséminée (CIVD) et de l’apparition d’insuffisance de plusieurs organes, de convulsions et de coma. Le taux de décès en cas d’anaplasmose est d’environ le 10%. Les décès sont surtout causés par une septicémie, une détresse respiratoire aiguë, des hémorragies ou neuropathies périphériques.
Diagnostic
Les tests de laboratoire les plus utilisés sont:
- L’immunofluorescence indirecte: permet la détection des anticorps dirigés contre Anaplasma phagocytophilum à partir du sérum du patient. Permet la détection d’une séroconversion que tardivement, généralement à partir de 4 semaines après l’infection.
- Le frottis sanguin: permet la détection des inclusion intracellulaires (morula) dans les granulocytes.
- La PCR: utilisée pour la détection du matériel génétique de Anaplasma phagocytophilum. Test spécifique et assez sensible.

Prevention
La meilleure mesure de prévention contre l’anaplasmose consiste en l’évitement des morsures de tiques, vecteurs de la bactérie. Plusieurs mesures sont possibles pour réduire la probabilité de morsure:
- Appliquer sur la peau des produits répulsifs contre les tiques.
- Utiliser des chemises à manches longues. Utiliser des pantalons longs rentrés dans les chaussettes.
- Rester sur les sentiers.
Traitement
Le traitement de l’anaplasmose repose sur une antibiothérapie à base de doxycycline. Chez les enfants le traitement antibiotique repose sur l’utilisation de la rifampicine.
Microbes apparentés
Ehrlichia chaffeensis: responsable de l’ehrlichiose monocytaire humaine.