Ascaris lumbricoides
Nematoda (phylum), Ascaridida (ordre)
Introduction
- Ascaris lumbricoïdes fait partie du phylum des helminthes, un terme vernaculaire désignant l’ensemble des vers parasites. Plus précisément il fait partie du phylum des nématodes : c’est donc un vers cylindrique, allongé et non segmenté, comme les autres nématodes. Il infeste exclusivement l’homme, qui en est donc l’unique réservoir.
- C’est un vers de couleur blanc crème à jaunâtre. Il est le plus grand nématode pouvant infester l’être humain : les mâles mesurent 15-30 cm de long et ≈ 4 mm de large, les femelles 20 à 50 cm de long et ≈ 6 mm de large.
- Les œufs d’A. lumbricoides sont à doubles coques, bruns et mamelonnés. Leur morphologie est importante car elle permet une identification précise. Une fois dans l’environnement, ils nécessitent quelques semaines de maturation avant d’être infectieux.

Cycle du parasite
- Les larves adultes vivent dans l’intestin grêle, où elles ont une espérance de vie de 10 mois à 2 ans.
- Durant cette période, elles ne se multiplient pas, mais des œufs sont excrétés dans les selles. Lorsque des larves adultes mâles et femelles sont présentent simultanément dans le tractus digestif, la femelle produit ≈ 200 000 œufs fertilisés par jour. En cas d’infection par des larves uniquement femelles, les œufs sont produits mais ne sont pas fertilisés : ces derniers seront également éliminés dans les selles, mais ne poursuivront pas leur développement.
- Une fois les œufs excrétés dans l’environnement, ils maturent durant 2-6 semaines puis deviennent capables d’infester d’autres organismes.
- Ces œufs infectieux pourront ensuite être ingérés par des êtres humains.
- Une fois ingérés, ils éclosent dans le tube digestif et libèrent des larves.
- Ces dernières peuvent traverser la barrière intestinale et se disséminer par voie hématogène (circulation porte) ou lymphatique. L’organe le plus souvent atteint est le poumon, mais le cerveau, le foie ou les reins peuvent également être touchés.
- Une petite semaine après ingestion des œufs, les larves atteignent les poumons, où elles maturent dans les alvéoles durant une dizaine de jour. Elles remontent ensuite les bronches, la trachée et la pharynx, où elles seront déglutis vers le tube digestif : c’est la migration larvaire.
- Une fois dans le tube digestif, les larves atteignent leur forme adulte et les femelles commenceront à excréter des œufs après deux à trois mois : la boucle est bouclée.

Transmission
- L’infestation se fait par l’ingestion d’œufs fertilisés, eux-mêmes excrétés par un individu porteur. Une fois dans le sol, les œufs nécessitent 2 à 6 semaines de maturation puis restent contagieux des années. Ce dernier point est important : dû au temps de maturation, un individu ne peut normalement pas se réinfecter et le cycle du parasite ne se fait pas dans son intégralité au sein du même hôte.
- Le mode de contamination habituelle est l’ingestion d’aliments ou d’eau, souillée par de la terre contenant des œufs infectieux.
Ascaridiose - présentation clinique
Ascaris lumbricoides est l’un des parasites les plus fréquents : à travers le monde, plus d’un milliard d’être humain sont touchés. Ils se trouvent pour la plupart en Afrique, en Asie en Amérique du Sud.
L’infestation est généralement asymptomatique et guérie spontanément en 8 à 18 mois (en l’absence de réinfection).
Chez les enfants en particulier, il arrive que l’infestation provoque des signes et des symptômes : on parle alors d’ascaridiose. De manière générale, plus la charge parasitaire est élevée, plus la clinique est bruyante.
On peut diviser les symptômes en trois catégories :
- Symptômes pulmonaires
Ils sont secondaires à la migration larvaire à travers l’arbre bronchique et à l’hyper-éosinophilie en résultant.
Les hémorragies et les œdèmes au sein des alvéoles, la production accrue de mucus et l’infiltrat inflammatoire péri-bronchique provoquent un ensemble de symptômes (toux, dyspnée sibilante, fièvre) appelés syndrome de Löeffler. - Symptômes digestifs
Le parasitisme intestinal peut, dans les cas d’infestation légère, provoquer un inconfort abdominal. Dans les cas plus graves, il peut induire des modifications de la muqueuse du grêle, provoquant une malnutrition et à terme un retard de croissance et des troubles cognitifs - Localisations ectopiques
Lors d’hyperinfestation, des larves peuvent se retrouver en dehors du tube digestif, l’organe classiquement infesté :on parle alors de localisation ectopique.
Le déplacement de larves peut conduire à des obstructions du canal cholédoque (avec risque de cholécystite et/ou cholangite consécutive), des canaux de Wirsung ou/et pancréatiques (pancréatite), du tube digestif (appendicite), une infestation de la cavité orale et nasale, voir des abcès hépatique ou des perforations suivies de péritonites.


Diagnostic
- En cas de suspicion clinique, la méthode diagnostic de choix est l’observation microscopique des selles à la recherche d’œufs. Ces derniers ont une morphologie spécifique, ce qui permet de confirmer une infestation et d’identifier le parasite. L’observation répétée d’œufs sur différents échantillons de selles confirme le diagnostic.
C’est un examen bon marché et simple à mettre en place, mais il faut remarquer que les œufs ne sont visible qu’une fois les larves devenues adultes, c’est à dire après environ 40 jours. L’examen direct au microscope optique est donc mauvais pour le diagnostic d’infestation précoce. Il ne sera par exemple pas utile en cas du suspicion d’ascaridiose si un patient présente un syndrome de Löeffler lors du premier passage des larves dans le tractus respiratoire. - Des larves adultes peuvent également être vu à l’œil nu dans les selles, ou dans le tractus digestif lors d’une endoscopie.
- Principalement à des fins d’études épidémiologiques, des sérologies peuvent être effectués. Il faut toutefois remarquer que les IgG ne sont pas protecteurs d’une réinfection, et qu’il existe des réactions croisées avec d’autres helminthes ce qui diminue la spécificité du test.
Traitement
- Une fois infesté, plusieurs médicaments antiparasitaires peuvent être utilisés, dont par exemple le mébendazole.
- En fonction des complications une approche chirurgicale ou endoscopique est parfois nécessaire (lors d’obstruction et/ou de perforation).
Prévention
La prévention est simple et repose sur différentes règles d’hygiène : le lavage des mains et des aliments avec de l’eau propre, l’épuration des eaux usées et la construction de toilettes, ainsi que l’interdiction d’utiliser les excréments humains comme fertilisant.