Epstein-Barr Virus
Epstein-Barr Virus – HHV-4
Famille : Herpesviridae, virus herpétique humain gamma
Sous famille: Gammaherpesvirine

Le virus doit son nom aux chercheurs qui l’ont découvert en 1964 : le pathologiste Michael A. Epstein et la virologue Yvonne Barr.
Biologie du virus
Il s’agit d’un virus enveloppé contenant entre autres les glycoprotéines gp350 et gp220 qui leur sont essentielles pour permettre leur attachement aux cellules cibles via leurs récepteurs CD21.
Son génome est composé d’ADN bicaténaire du type linéaire, contenant 180 000 paires de bases et plus de 80 ORF, le tout entouré d’une capside icosaédrique. Le génome ne garde cependant pas cette forme pendant toute la durée de son cycle, en effet, il se circularise sous la forme d’épisomes intranucléaires lorsqu’il infecte de manière latente les lymphocytes B, il n’intègre néanmoins pas l’ADN cellulaire de l’hôte.
Écologie, réservoir et transmission
Le réservoir de ce virus est strictement humain et il persiste dans l’organisme de l’hôte à vie après une primo-infection.
Il se transmet par la salive et les sécrétions respiratoires, ce qui donne à sa manifestation clinique la plus commune (la mononucléose infectieuse) le nom de « kissing disease ».
- On estime qu’environ 90 à 95% de la population adulte mondiale est infectée par l’EBV.
- La primo-infection n’a néanmoins pas lieu au même moment : Il existe une différence entre les pays industrialisés et ceux à faible revenus, en effet, dans ces derniers la primo-infection a lieu la plupart du temps (> 95) chez des enfants en bas d’âge alors que dans les pays industrialisés, celle-ci a également lieu à l’adolescence et chez le jeune adulte.
Son cycle de reproduction est caractérisé par une phase lytique, affectant les cellules épithéliales de l’oropharynx et des glandes salivaires et une phase latente visant les lymphocytes B périphériques.
Lors de la primo-infection, le virus pénètre au niveau des muqueuses des épithéliums naso et oro-pharyngés et infecte les lymphocytes B à travers le récepteur CD21, ceux-ci entrent ensuite dans un état prolifératif polyclonal qui engendre également une augmentation des lymphocytes T.
Il s’en suit alors une phase latente où certains lymphocytes B sont immortalisés. La phase de latente engendre l’expression d’un segment de génome constituant l’antigène de latence EBNA.
Présentation clinique
Le virus peut avoir plusieurs présentations cliniques, telles que : la mononucléose infectieuse, le cancer du nasopharynx, le lymphome de Burkitt, maladie de Hodgkin, leucoplasie chevelue buccale, autres maladies lymphoprolifératives (lymphomes des cellules T et NK), post-transplant lymphoproliferative disease (PTLD).
- L’infection congénitale et périnatale est très rare car la primo-infection chez les femmes enceintes est très très rare (reformuler)
- La primo-infection chez les nourrissons, enfants et certains adolescents est généralement bénigne et non-spécifique, accompagnée de symptômes tels que diarrhées, douleurs abdominales, otite moyenne, infection des voies respiratoires supérieures.
Mononucléose infectiuse - the "kissing disease"
- Généralement, plus le patient est jeune, plus les symptômes sont légers
- Pyrexie, asthénie
- Pharyngite/angine accompagnée d’odynophagie
- Adénopathie cervicale douloureuse bilatérale touchant principalement le ganglion cervical postérieur
- Nausée, vomissements et anorexie
- Splénomégalie
- Les symptômes persistent en général environ 1-2 semaines et puis disparaissent, sauf pour la fatigue qui peut persister plusieurs mois.
- Biologie
- Augmentation du nombre de monocytes et lymphocytes et présence de lymphocytes anormaux au microscope optique (grande taille et hyperbasophiles, aussi connus comme cellules Downey type II)
- VS et CRP augmentés
- Signes de cytolyse hépatique (augmentation des transaminases)
- Anticorps hétérophiles
- Monospot test (agglutination de globules rouges de mouton lors du contact avec du serum de patient infecté)
L’administration accidentelle d’amoxicilline, ampicilline, pénicilline lors d’une mononucléose infectieuse virale à EBV en pensant qu’il s’agit d’une angine bactérienne, cause des éruptions cutanées (exanthème morbilliforme), mais attention il ne s’agit pas d’une vraie allergie aux antibiotiques ! Les patients tolèrent par la suite ces antibiotiques sans aucun soucis.
Cancer du nasopharynx
Cancer des cellules épithéliales du nasopharynx, fréquent dans le sud de la Chine et dans le sud-est de l’Asie.
Associés à certains facteurs environnementaux comme la consommation de poissons salés et des facteurs génétiques sont aujourd’hui des risques reconnus.
Lymphome de Burkitt
Il s’agit d’un lymphome qui est endémique en Afrique équatoriale, la grande majorité des cas est associée à l’EBV. Cependant, l’infection à EBV seule ne suffit pas à développer cette maladie, d’autres facteurs entrent en jeu tels qu’une immuno-dépression causée par le Plasmodium falciparum.
Leucoplasie chevelue buccale
Manifestation clinique qu’on retrouve exclusivement chez les patients immunodéprimés, comme les patients VIH+ avec une numération CD4 basse ou encore chez certains patients greffés immunosupprimés.
Il s’agit d’une condition bénigne, indolore, caractérisée par des plaques irrégulières blanchâtres d’allure chevelue localisées la plupart du temps du côté latéral de la langue mais peut également se trouver au niveau du palais et de l’ensemble de la muqueuse buccale.
Contrairement au muguet buccal (candidose), les plaques ne s’enlèvent pas au grattage.
Diagnostic
En fonction de l’évolution de la maladie, le diagnostic sera différent :
- Lors de l’infection primaire : un test sérologique, ciblant différents anticorps en fonction du temps écoulé après exposition.
- En phase aiguë, l’IgM VCA et l’IgM VCA sont détectés alors qu’en phase de latence l’IgG anti-EBNA est retrouvé.
- L’analyse des résultats reste, cependant, sujette à des erreurs d’interprétation contenu des variations existantes.
- Une analyse PCR peut également être réalisée. Celle-ci est principalement pertinente chez les immunodéprimés, incapables de produire des anticorps et chez les patients transplantés en cas de première infection.
- En cas de réactivation : la détection d’IgG anti-EBNA par sérologie traduira une phase latente.
- Il est important de savoir que d’autres pathogènes peuvent causer des syndromes mononucléosiques, tels que les infections à CMV, VIH, Streptocoque du groupe A, Toxoplasma gondii, HSV1.
- Il est cliniquement quasi impossible de distinguer une infection aigue à EBV d’une infection aigue au CMV ou VIH, il faut d’office faire des examens complémentaires.
Prévention
À l’heure actuelle, il n’existe pas de vaccin disponible. Toutefois, certaines stratégies vaccinales ciblent les glycoprotéines de l’enveloppe virale, dont la protéine gp350.
Traitement
En cas d’infection primaire, il n’existe pas de traitement spécifique.
Pour les symptômes légers (fièvre, maux de gorge et malaise) un traitement symptomatique par AINS peut être envisagé. En cas de formes plus graves, les corticoïdes peuvent être recommandés.
En cas de CAEBV (Chronic Active Epstein-Barr Virus Disease) : complication caractérisée par une prolifération de lymphocyte et une charge virale importante, on peut recommander des agents immunomodulateurs tels que des IFN alpha et IL-2, des antiviraux tels que l’acyclovir, ganciclovir, vidarabine et même une thérapie cellulaire avec lymphocytes T cytotoxiques spécifiques d’EBV ou une greffe de cellules souches hématopoïétique.
En cas de transplantation chez les immunodéprimés, une prophylaxie peut être appliquée combinant différents antiviraux (acyclovir, valacyclovir, ganciclovir, cidofovir et foscarnet).