Entamoeba histolytica
Phylum : Amoebozoa, ordre : Omoebida
Entamoeba histolytica est une amibe (protozoaire) pathogène pouvant causer l’amibiase, une infection du système digestif. Elle serait responsable de 50 millions de cas de dysenterie, et de 40 000 à 70 000 morts / an (3ème cause de mortalité dans les maladies parasitaires, après le paludisme et les schistosomiases).
Elle est dotée d’un cycle de vie monoxène (un seul hôte) composé de deux stades aséxués :
Trophozoïtes : C’est la forme active et pathogène qui est mobile grâce à l’utilisation des pseudopodes. Les trophozoïtes se reproduisent asexuellement par division binaire. C’est également la forme la plus sensible qui ne survit pas dans l’environnement.
Kystes : Lorsque les conditions environnementales sont défavorables (température, manque d’oxygène, d’humidité, présence de molécules toxiques), les trophozoïtes se transforment en kystes. En raison de la protection conférée par leurs parois, les kystes peuvent survivre des jours à des semaines dans l’environnement extérieur et sont responsables de la transmission. Les kystes ne se reproduisent pas, mais sont capables de diviser leur noyau en 4 au sein du kyste.

Réservoir et écologie
Le réservoir principal de Entamoeba histolytica est l’Homme. C’est pourquoi elle est théoriquement observable où se trouvent des humains. Cependant la prolifération et la transmission sont favorisées dans les régions qui présentes des conditions sanitaires déficientes.
Les animaux tels que les chats, chiens et primates peuvent eux aussi être infectés mais ne présentent pas un réservoir significatif.
Transmission et cycle
L’infection commence par l’ingestion des kystes matures que l’on trouve typiquement dans de la nourriture, eaux ou sur des mains souillées par des matières fécales. Une fois dans l’intestin grêle, les kystes vont se transformer en trophozoïtes qui vont migrer vers le gros intestin et se multiplier par fission binaire. Ils vont ensuite se différencier en kystes pour être libérés hors de l’hôte.

Pathogénicité
Elles possèdent des protéases et des glucosidases qui permettent la lyse du mucus intestinal et de la matrice extracellulaire
Elles arrivent à altérer les jonctions serrées intestinales et ainsi altérer les gradients ioniques de la barrière intestinale
Ce sont des hématophages qui se nourrissent par trogocytose qui est la phagocytose de fragments cellules vivantes, causant ainsi leur mort. La présence d’hématies dans les amibes est une manière de différencier les E. histolytica de leur cousines E. dispar, qui sont très communes chez l’humain, mais qui ne causent pas de pathologies.
Maladie et présentation clinique
Il existe 4 formes principales de la maladie, l’amibiase intestinale aigue, extra-intestinale, intestinale chronique et amoebome (très rare)
Amibiase intestinale aigue
Physiopathologie
Les trophozoïtes causent des lésions au niveau du côlon (caecum et et sigmoïde)
Les lésions causées par l’amibe sont caractérisées par un ulcère en coup d’ongle visible lors de la coloscopie
Symptomatologie
Asymptomatique dans 80 à 90% des cas. Chez ces sujets, les trophozoïtes n’envahissent pas la muqueuse mais produisent tout de même des kystes, ils sont donc contagieux !
Symptomatique : chez ces sujets le trophozoïte envahit la muqueuse et cause des symptômes qu’on peut diviser en deux catégories de gravité :
Forme subaiguë : diarrhée liquide parfois glaireuse non sanglante et coliques crampoïdes
Forme syndrome dysentérique amibien : caractérisée par une tétrade symptomatique : exonérations fréquentes (5-20/j) afécales glairo-sanglantes dont l’aspect est dit “crachats rectaux”; épreintes (douleurs abdominales causées par les coliques expulsives); fausses envies d’aller à la selle; ténesme qui sont des contractures douloureuses des sphincters anaux.
Diagnostic
Dans l’amibiase intestinale aiguë, on va avoir un examen clinique caractérisé par un abdomen sensible à la palpation, sans hépatomégalie. La recto-sigmoïdoscopie est caractérisée par des ulcérations punctiformes en forme de coup d’ongle et des glaires sanglantes. La biologie clinique montre des critères inflammatoires normaux, donc pas d’inflammation systémique. Une légère anémie peut parfois être observée. Le diagnostic par recherche de parasites dans les selles n’est plus utilisé en pratique puisqu’il faudrait des selles relativement fraîches.
La technique la plus utilisée en ce moment est la recherche d’antigènes spécifiques dans les selles fraîches ou congelées, par ELISA. La PCR peut également être utilisée, notamment pour le diagnostic différentiel avec la E. dispar.
Traitement
L’évolution est souvent vers la guérison totale et sans séquelles si correctement médicamenté. Si la prise en charge n’est pas faite correctement, l’infection peut évoluer vers l’amibiase intestinale chronique et même extraintestinale.
Amibiase intestinale chronique
Symptomatologie
Se présente comme une colite chronique séquellaire de l’amibiase intestinale aiguë, mais les parasites ne sont plus présents.
Diagnostic
Le diagnostic est difficile puisqu’il n’y a plus de kystes dans les selles et la coloscopie n’a pas de valeur diagnostique dans ce cas.
DD : autres colites chroniques telles que la maladie de Crohn
Amibiase extra-intestinale
Concerne 1 à 10-15% des sujets infectés.
Suit le state intestinal mais 60% paraissent primitives et parfois même plusieurs années après la primo-infection.
Physiopathologie
Les trophozoïtes perforent la paroi intestinale et disséminent dans d’autres organes par voie hématogène, arrivant surtout au niveau du lobe droit du foie, mais peuvent aussi aller dans la rate, cerveau, plèvre, poumons, …
Ils forment des abcès intra tissulaires qui peuvent faire jusqu’à 1,5L et le pus a une couleur “chocolat” ou encore “purée d’anchois”.
Symptomatologie
Les symptômes dépendront de l’organe affecté. Le plus souvent, c’est le cas du lobe droit du foie et les patients présentent la triade de Fontan : douleurs à l’hypocondre droit, fièvre et hépatomégalie.
Diagnostic
Dans l’amibiase extra-intestinale, la clinique est souvent caractérisée par la triade de Fontan. L’hématologie présente une hyperleucocytose et un syndrôme inflammatoire (CRP et VS élevées). Le diagnostic se fait par sérologie (recherche d’anticorps).
Traitement
Le traitement se fait par tinidazole et l’abcès amibien est drainé par ponction guidée à l’échographie mais il est primordial de d’abord vérifier qu’il ne s’agit pas d’un kyste hydatique, pouvant entraîner un choc anaphylactique si rupture.
Prévention
- La propreté des mains
- Ne boire d’eau suspecte que bouillie ou filtrée
- Éviter les crudités, les fruits non pelés ainsi que les préparations locales effectuées dans des conditions d’hygiène suspectes
“Cook it, peel it, or don’t eat it”
