Enterovirus
Enterovirus (genre) Picornaviridae (famille)
Biologie du germe
Aspect
Enterovirus est un virus à ARN simple brin à polarité positive, il est non enveloppé et possède une capsule icosahédrale nue.
Le genre Enterovirus est composé de 12 espèces dont 9 sont des entérovirus (incluant les sous-espèces coxsackievirus, poliovirus, et echovirus) et 3 sont des rhinovirus. Plus de 200 sérotypes distincts ont été identifiés au sein de ces espèces.

Pathogénèse
- Le virus se lie à différents récepteurs de la cellule selon son sérotype d’où la pathologie variée entre les différentes espèces.
- L’ARN viral code pour une polyprotéine qui sera procéssée par des protéases virales et sera à l’origine de 4 protéines structurales, 2 protéases, ainsi qu’une ARN-polymérase. Les protéines structurales s’assemblent et lysent la cellule hôte qui libère les virus.
- Le cycle de réplication dure quelques heures.
Réservoir et transmission
Enterovirus est à réservoir strictement humain. La transmission se fait par:
- Inoculation du virus par contact direct avec la salive, les selles, et les sécrétions respiratoires.
- Consommation d’eau et d’aliments contaminés.
Le virus ne passe pas la barrière placentaire.
Présentations cliniques
La plupart des infections à Enterovirus sont bénignes et sont asymptomatiques ou causent des symptômes légers non spécifiques. Ils représentent néanmoins la première cause de méningite chez l’adulte et l’enfant. Le virus se dissémine par voie hématogène, après lyse des cellules pour donner des tableaux cliniques caractéristiques selon l’espèce.
Rhinovirus
- Le plus fréquent parmi les Enterovirus
- Responsable de rhinite (fièvre, toux, rhinorrhée, pharyngite, congestion nasale, éternuements..)
- Peut se compliquer en otites bactériennes et sinusites.
Poliovirus
- Symptômes: C’est l’agent causal de la poliomyélite. Il est asymptomatique dans la grande majorité des cas, mais il peut donner des symptômes grippaux. Il atteint le système nerveux central après dissémination et détruit les cellules nerveuses.
- Plus rarement, il peut entraîner une « méningite aseptique », donnant une forme non paralytique ou une forme paralytique avec soit:
- Paralysie flasque = forme spinale
- Paralysie des muscles respiratoires = forme bulbaire
- Forme mixte = forme bulbo-spinale
Coxsachievirus
- Herpangine: La symptomatologie inclut de la fièvre, des ulcérations douleureuses sur les piliers amygdaliens, la luette et le palais mou, des difficultés à avaler et de la douleur lors de la déglutition.
- Maladie pied-main-bouche: Elle est caractérisée par une éruption vésiculeuse buccale qui se transforme en ulcères douloureux sur la langue et la muqueuse buccale, associée à une éruption vésiculeuse au niveau des mains et des pieds. D’autres symptômes peuvent être présents tels que la fièvre, la diarrhée, et l’irritabilité.
- Myocardite chez le jeune enfant, péricardite du sujet âgé, paralysies transitoires: très rares.
Echovirus
- Angines, troubles respiratoires et digestifs: Expression clinique variable selon les souches.
- Myocardite, péricardite: rares.
Autres enterovirus
Conjonctivites hémorragiques aiguës.
Diagnostic
Le diagnostic des maladies causées par Enterovirus se fait cliniquement. L’utilisation des méthodes de laboratoire pour le diagnostic ne se fait que dans le cas de maladies sévères, chez les patients immunocompromis ou chez les nouveau-nés. On utilisera dans ce cas la PCR sur le sang, le LCR ou d’autres liquides biologiques.
Traitement
Le traitement est symptomatique, l’infection se résolvant le plus souvent seule. Dans le cas de maladie sévère, les traitements restent malheureusement limités. L’utilisation d’immunoglobulines peut être possible dans des cas extrêmes, au cas par cas.
Prévalence
Les infections à Enterovirus sont perannuelles et touchent toutes les classes d’âge, mais les enfants de moins de 12 mois sont plus fréquemment touchés. Un petit nombre de sérotypes est responsable d’épidémies locales. Des exemples incluent le Coxsackievirus A6 causant une forme atypique du syndrome pied-mains-bouche, ou l’Enterovirus D68 causant des clusters de maladies respiratoires aux USA. On attribue à cette souche également une forme rare de myélite flasque aiguë.
Santé publique et Prévention
La première pandémie mondiale de conjonctivite hémorragique aiguë à Enterovirus D70 débuta au Ghana en 1969, affectant par la suite des millions de personnes. Depuis le milieu des années 90, plus aucune conjonctivite hémorragique due à Enterovirus D70 n’a été documentée.
Dans la région du Pacifique, Enterovirus A71 est un problème de santé publique majeur, causant une encéphalite associée à un haut taux de mortalité.
Prévention: l’hygiène de base est applicable (lavage des mains, etc.). Il n’existe pas encore de vaccin.