Herpes Simplex Virus/Varicella Zoster Virus
Famille des Herpesviridae, sous-famille des α-herpesviridae, genre Simplexvirus (HSV-1 et HSV-2) et Varicellovirus (VZV, HHV-3)
Virologie:
La famille des Herpesviridae comprend des virus à ADN double brin, de grande taille, enveloppés, avec une capside isocaédrique. Ils ont 11 glycoprotéines à leur surface, gB, gH et gL sont les 3 communes à tous.
Le mot herpès vient du grec et implique l’idée de ramper comme un serpent. Ces virus deviennent après la primo-infection des constituants de notre organisme sous forme latente. Ils peuvent se réactiver, donnant une réinfection endogène.

Varicella-Zoster Virus
Herpes Simplex Virus (HSV-1 et HSV-2)
Transmission et écologie:
Ce sont des virus strictement humains. La transmission est donc uniquement interhumaine. Elle se fait par contact direct avec les muqueses, la peau ou les sécrétions liquidiennes d’un sujet infecté. Le risque de transmission est particulièrement important lorsqu’il y a des lésions actives. Dans de rares cas, la mère peut transmettre le virus lors de l’accouchement. Le risque de transmission est estimé à une personne sur 10. Ce sont des virus dermo-neurotropes : ils ont un tropisme pour la peau, les muqueuses et le système nerveux central. Classiquement, On retrouve le virus HSV-1 au niveau de la sphère orale, il va ensuite rester latent dans le ganglion de Gasser tandis que l’HSV-2 est retrouvé au niveau génital et rester latent dans les ganglions sacrés. Cependant, les contacts oro-génitaux font qu’on peut retrouver HSV-1 au niveau génital et inversement. Il existe une immunité croisée mais partielle entre HSV-1 et HSV-2.
Epidémiologie:
En ce qui concerne HSV-1, la séropositivité est estimée entre 45 et 98% de la population générale. Cette fourchette est due au fait qu’on retrouve ces virus plus fréquemment dans les pays les moins industrialisés. Il n’existe pas d’incidence saisonnière. Entre 0 et 35 ans, les femmes sont plus souvent touchées que les hommes; mais après 35 ans, les prévalences s’équilibrent. La primo-infection s’effectue généralement pendant l’enfance, la transmission se fait des parents aux enfants le plus souvent.
Pour HSV-2, La séropositivité est estimée à 10-15%. Du fait de son mode de transmission, la séropositivité est largement corrélée avec l’âge des premiers rapports sexuels (adolescence, jeunes adultes). Les facteurs de risque identifiés sont l’âge, le sexe féminin, le faible niveau socio-économique, le bas niveau d’éducation, les antécédents d’infections sexuellement transmissibles et un nombre élevé de partenaires sexuels.
Présentations cliniques:
L’herpès cutanéo-muqueux : HSV-1 >> HSV-2
1) Primo-infection : asymptomatique, gingivostomatite herpétique, pharyngite
La période d’incubation est entre 2 et 12 jours. La majorité des primo-infections est asymptomatique (75%). Il existe un continuum de présentations cliniques ; de l’absence de symptômes à un syndrome pseudo-grippal jusqu’à dans de rares cas des gingivostomatites et/ou pharyngites impressionnantes avec de multiples ulcérations. A ce stade, les personnes sont déjà susceptibles de transmettre le virus.
2) Réactivation : herpès labial = « le bouton de fièvre »
La phase prodromique se traduit par une sensation de brûlure et de paresthésie. Elle peut s’accompagner d’un syndrome pseudo-grippal avec un état fébrile, des myalgies, une dysphagie et des adénopathies cervicales et sous-mandibulaires. Après 1 ou 2 jours, une inflammation de la muqueuse apparaît puis une éruption vésiculeuse s’en suit. La rupture de ces vésicules va donner des ulcérations superficielles qui vont être à l’origine des douleurs.
La guérison prend 10 à 14 jours.
3) Infections cutanées banales : elles peuvent concerner toutes les localisations.
L’herpès génital : HSV-2 >> HSV-1
La période d’incubation est de 2 à 7 jours.
Les femmes sont plus atteintes que les hommes. La présentation clinique de la primo-infection est dans 2/3 des cas asymptomatique. Dans le cas contraire, il y a un bouquet de vésicules groupées, évoluant en ulcérations. Il atteint la sphère génitale et anale.
La guérison se fait après 2 à 3 semaines.
L’herpès néonatal : HSV-2 >> HSV-1
Il est extrêmement rare, 1/200.000 naissance. La contamination se fait au moment de l’accouchement, surtout lors de primo-infection maternelle (50% des cas). Il atteint principalement le cerveau (encéphalite herpétique) et la peau, il est plus rarement disséminé (tableau septique, choc, pneumonie, hépatite). La mortalité globale est estimée à 60%.
La kératite herpétique : HSV-1 >> HSV-2
Infection oculaire grave, pouvant amener à une cécité.
La méningo-encéphalite herpétique :HSV-1 chez l’adulte, HSV-2 chez le nouveau-né.
Il s’agit de la cause la plus fréquente d’encéphalite sporadique. La clinique commence par des céphalées, un état fébrile, des troubles de l’état de conscience puis des hallucinations visuelles, auditives, olfactives, aphasie, convulsions. Mortalité autour de 70% sans traitement, réduite à moins de 20% si traitement rapide.
Varicella Zoster Virus (VZV)
Epidémiologie et écologie
Le VZV est un virus très contagieux à l’origine de petites épidémies. Il se transmet uniquement d’homme à homme. La transmission se fait surtout par contact direct ou plus rarement de manière indirecte par contact avec des objets contaminés. Une transmission aérienne est possible même avant l’arrivée des symptômes (incubation) d’une varicelle et également au début de celle-ci.
Dans les pays tempérés, les épidémies de varicelle arrivent à la fin de l’hiver et se prolongent jusqu’au printemps. Le VZV a une distribution mondiale mais dans les pays tempérés l’incidence est quasiment équivalente au taux de natalité (600 000 cas par an en France), cependant dans les pays tropicaux, 50% des jeunes adultes n’ont jamais fait de varicelle.
Le zona se présente uniquement chez les patients ayant eu une primo-infection au VZV. Il s’agit d’une récurrence. L’incidence augmente avec l’âge, surtout après 45 ans. Le facteur de risque le plus important est l’immunodépression ( chimiothérapie, transplantation, VIH, leucémie, lymphome, traitement immunosuppresseur…)
Clinique
Le VZV est un virus dermo-neurotrope également. Il s’agit d’une virose généralisée, elle a donc une longue période d’incubation de 12 à 20 jours.

1) La varicelle = primo infection
Elle débute par une phase prodromique de 24 à 48 heures, les patients ont une fièvre, des douleurs abdominales puis un exanthème et un énanthème suivi d’un schéma : macules -> papules -> vésicules -> érosions -> croutes -> guérison/cicatrices. Ces symptômes sont accompagnés d’un prurit intense et des douleurs. Ils durent entre 10 à 14 jours.
Des cas plus graves peuvent arriver chez les immunosupprimés, les femmes enceintes, les nourrissons de moins de 6 mois et certains adultes. Les complications sont une surinfection bactérienne chez les enfants de moins de 5 ans, une atteinte pulmonaire grave chez les femmes enceintes et nouveau-nés, des atteintes hépatiques chez les immunodéprimés, des atteintes du système nerveux chez les nouveau-né et les patients de plus de 20 ans.
2) Le Zona = récurrence

La phase prodromique donne des douleurs neuropathiques et une hyperesthésie franche. Ensuite un rash vésiculaire localisé, prurigineux suit un ou plusieurs dermatomes sensitifs d’un seul côté. La guérison se fait en 2 à 6 semaines, mais des douleurs neuropathiques peuvent perdurer au long terme.
Nota bene: ces affections sont toujours plus graves chez les patients immunodéprimés.
Diagnostic
Indications:
– Sévérité du tableau (encéphalite), suspicion d’herpès génital ou affection chez le nouveau-né
– Doute diagnostique = présentations cliniques atypiques
– Status sérologique: primo infections, bilan pré-greffe
- Examen direct à partir d’un prélèvement biologique : frottis de grattage de vésicules herpétiques, LCR, …
- Immunoflurorescence directe/ELISA: détection de l’antigène
- PCR sur n’importe quel prélèvement: permet de différencier HSV-1 et HSV-2, quantifier. C’est très important dans les cas de méningo-encéphalite herpétique (prélèvement LCR) = urgence médicale
- Culture; immunohistochimie: plus fait de routine, surtout dans les centres de références en cas de résistance.
- Sérologie: permet de confirmer une primo-infection et dans le bilan pré-greffe
Prévention
Pour l’herpès:
- Éviter les contacts oro-génitaux et avec des objets ayant été en contacts avec les lésions des personnes symptomatiques
- Le port du préservatif lors de relations sexuels
- La circoncision médicale pour l’homme
- Le traitement de la mère dès 36 semaines de grossesse si herpès génital connu
- La césarienne si antécédents connus et si la mère présente des lésions en début d’accouchement
Pour la varicelle et le zona:
- La vaccination contre le VZV est proposée chez les adultes et les femmes enceintes s’ils n’ont pas fait la varicelle dans l’enfance.
- Les Immunoglobulines chez le nouveau-né
Traitement
Indications au traitement:
– Herpès sévère
– Méningo-encéphalite à HSV
– Primo-infection chez la femme enceinte
– Zona dans les 72h post-début des symptômes (diminue les douleurs post-zostériennes)
– Infections chez le nouveau-né ou les immunosupprimés
Traitement: antiviraux tels que l’aciclovir, valaciclovir et traitement symptomatique (antalgie, antipyrétique) et en fonction de l’atteinte.