Menu Fermer

Pseudomonas aeruginosa

Proteobacteria (phylum), pseudomonadales (ordre)

Aspect

Pseudomonas aeruginosa est un bacille Gram négatif, strictement aérobie, non fermentatif (lactose négatif). Sur  gélose au sang (gélose chocolat) ses colonies ont un aspect métallique et certaines souches apparaissent mucoïdes en raison de la capsule des bactéries. Les plaies infectées par P. aeruginosa ont un aspect verdâtre.

Pseudomonas aeruginosa est généralement mobile grâce à un ou plusieurs flagelles polaires (monotriche ou lophotriche).

Pathogenèse

Il existe environ 200 espèces de Pseudomonas, dont environ 10 sont pathogènes pour l’homme.

Le plus prévalent est Pseudomonas aeruginosa, qui est caractérisé par un nombre important de facteurs de virulence. On y retrouve notamment :

  • Adhésines (pili)
  • Capsule polysaccharidique
  • Elastase
  • Phospholipase C
  • Endotoxines
  • Exotoxines

En outre, il est oxydase positif.

Il possède un système de sécrétion de type III. Il est constitué par un complexe de protéines qui lui permet d’injecter ses toxines directement à l’intérieur de la cellule cible, entrainant la désorganisation du cytosquelette ou la mort cellulaire.

Mode de transmission

La transmission peut être interhumaine par aérosols, par les eaux contaminées ou par pénétration dans l’organisme suite à des blessures et des plaies. Sa capacité à former des biofilms lui permet de persister sur les surfaces et sur l’épiderme. Les corps étrangers (cathéters, sondes urinaires…) peuvent constituer une porte d’entrée. 

On peut également le retrouver sur les lentilles de contact qui peuvent constituer un vecteur. 

Son habitat est ubiquitaire, il se retrouve dans le sol, la végétation, les eaux, les matériaux en décomposition et l’environnement hospitalier. Il a un rôle dans la biodégradation (saprophyte). Il a aussi une grande capacité à s’adapter, qui est bien illustrée par ses multiples résistances aux antibiotiques.

Il s’agit d’une bactérie opportuniste, qui peut coloniser sans conséquences les individus sains mais s’avérer pathogène pour des sujets fragilisés. 

Clinique

Pseudomonas peut être responsable de plusieurs syndromes cliniques, avec en majorité des infections respiratoires. Il est effectivement le pathogène le plus fréquemment en cause dans les pneumonies nosocomiales

Certains sujets sont particulièrement à risque, notamment les patients hospitalisés aux soins intensifs en raison des multiples cathéters, les patients immunodéprimés et les patients atteints de maladies pulmonaires chroniques (par exemple la mucoviscidose).

Parmi les tableaux cliniques respiratoires on note des trachéobronchites, des bronchopneumonies et des pneumonies, en particulier chez des patients ventilés mécaniquement aux soins intensifs.

D’autres sites anatomiques peuvent être infectés par P. aeruginosa, donnant lieu par exemple à des infections cutanées chez les patients brûlés et immunodéficients.

Pseudomonas peut être responsable d’infections urinaires nosocomiales chez des patients porteurs d’une sonde urinaire.

Il peut aussi causer des bactériémies et plus rarement des endocardites.

L’otite externe aigue (otite du baigneur) est assez commune dans les climats tropicaux, et constitue la forme la plus fréquente d’infection auriculaire par Pseudomonas.

Chez les patients diabétiques une forme plus sévère dite otite externe maligne peut se développer. En raison d’un risque important d’extension locorégional le traitement est dans ce cas particulièrement agressif et prévoit une combinaison de chirurgie et antibiothérapie prolongée.

Diagnostic

Le diagnostic se pose sur la base des cultures effectuées à partir des échantillons du patient (expectoration, lavage broncho-alvéolaire, prélèvement des plaies, cathéters) ou sur les hémocultures.

Un antibiogramme est généralement effectué en raison des nombreux mécanismes de résistances à différents antibiotiques.

Traitement

Le traitement dépend du site et de la sévérité de l’infection et des résultats des tests de sensibilité.

En général, on utilise des béta-lactamines combinées à un inhibiteur de béta-lactamase (piperacilline + tazobactam), des céphalosporines de 3ème (ceftazidime) et 4ème génération (cefepime), des carbapénèmes (imipenem, meropenem), des aminoglycosides et des fluoroquinolones.

Remarques

La majorité des infections à P. aeruginosa se retrouve en milieu hospitalier, en particulier chez des patients aux défenses immunitaires altérées.

Les patients atteints de mucoviscidose peuvent aussi acquérir l’infection dans la communauté. Chez ces patients, l’infection se fait par des souches mucoïdes et est associée à des exacerbations et à une progression de la maladie.

Chez ces patients, les souches de pseudomonas peuvent très rapidement développer des multirésistances et nécessiter une greffe pulmonaire car on ne peut pas enrayer l’infection. 

Les infection par Pseudomonas sont associées à une grande variété de syndromes cliniques. Le choix du traitement antibiotique est délicat à cause des nombreuses résistances naturelles.

La monothérapie est généralement déconseillée car elle peut aboutir à une émergence de résistance.

Etymologie

Pseudomonas aeruginosa a été nommé par le botaniste allemand Walter Migula en 1894. Le nom semble venir du grec ψευδό- (« faux ») et du nom Monas, un genus d’organismes nanoflagellés avec lesquels Migula notait la ressemblance.

Aeruginosa vient du latin aerugo (« couleur de la rouille de cuivre »), donc verdâtre, à cause de la couleur des plaies infectées par la bactérie.