Rougeole
Taxonomie
Morbillivirus (Genre) – Paramyxoviridae (Famille)
RNA simple brin de polarité négative
Enveloppé
15894 nucléotides
6 gènes (N, P, M, F, H, L)
8 protéines (N, P, M, F, H, L, V, C)
Pathogenèse

Le cycle de réplication viral se déroule comme suit :
- Entrée dans la cellule
La protéine H permet la liaison aux récepteurs cellulaires (CD46 et CD150). Une fois attaché à la cellule, la fusion avec la couche bilipidique a lieu et le contenu viral est relâché dans le cytosol.
- Transcription et réplication
Les nucléocapsides du virus atteignent le cytosol et la transcription peut alors démarrer. On assiste alors à la synthèse de l’ARN messager. C’est l’ARN génomique encapsidé qui est utilisé comme matrice commune pour la transcription (ARNm) et la réplication (ARN anti-génomique).
La transcription et la réplication nécessitent les polymérases virales.
- Encapsidation et bourgeonnement
Les protéines virales néosynthétisées sont regroupées et encapsidées, grâce à l’accumulation des protéines M. On assiste finalement au bourgeonnement membranaire et à la libération de nouveaux virions dans le milieu extracellulaire. Ces derniers infecteront alors d’autres cellules-hôtes.
Transmission
Extrêmement contagieux, le virus de la rougeole se transmet par voie directe à travers les aérosols (toux, éternuements).
À l’intérieur d’une gouttelette, le virus peut persister plusieurs heures dans l’air. De plus, il résiste sur des surfaces pendant 2 heures.
- Le virus envahit l’épithélium de la muqueuse respiratoire ou de la conjonctive.
- Réplication locale et atteinte du réseau lymphatique
- Dissémination dans la circulation sanguine

Présentation clinique
La rougeole se caractérise par un exanthème généralisé avec des symptômes respiratoires (toux, rhinite, conjonctivite) et un état fébrile.
- Phase prodromale (2-4 jours) : état fébrile, inconfort, toux avec rhinite, conjonctivite avec épiphora et photophobie.
- Tâches de Koplik (pathognomonique) : papules érythémateuses à centre blanchâtre au niveau de la muqueuse jugale
- Rash maculopapulaire généralisé non-prurigineux
Les premiers symptômes apparaissent 8 jours après l’exposition. La période de contagiosité début 2 jours avant les symptômes et se terminent 4 jours après l’apparition du rash cutané.
Complications
L’otite moyenne aigüe, la pneumonie, les diarrhées et l’immunosuppression transitoire sont des complications qui surviennent immédiatement.
Dans les pays en voie de développement, la cause principale de la cécité de l’enfant est la rougeole.
Plus tardivement, on retrouve des atteintes du système nerveux :
- ADEM (Acute demyelinating encephalomyelitis)
- SSPE (Subacute sclerosing panencephalitis)
- Encéphalite post-rougeoleuse
La rougeole peut également donner lieu à de graves complications durant la grossesse et entraîner une fausse couche ou un accouchement prématuré.
Diagnostic
On recherche directement le virus par PCR sur frottis oropharyngé, voire par culture.
Le diagnostic ne se fait pas cliniquement puisqu’un tableau clinique évocateur ne montre qu’une faible valeur prédictive positive (dans les pays à incidence faible).
Prévention
Avant l’arrivée du vaccin, le virus de la rougeole se propageait de manière endémique en Europe. L’infection avait majoritairement lieu durant l’enfance.
Disponible depuis 1969, le vaccin a permis une nette diminution de la morbidité et de la mortalité. La lutte contre la rougeole se fait donc principalement par la prévention primaire. Il s’agit d’un vaccin vivant attenué qu’on combine avec le vaccin des oreillons et celui de la rubéole
En Suisse, à l’âge de 12 mois (puis entre 15 et 24 mois), on administre 2 doses du vaccin ROR (rougeole-oreillon-rubéole). En Belgique, on administre également 2 doses (1 an et 6-7 ans).
Malgré l’efficacité du vaccin, on remarque une recrudescence des cas ces dernières années
Prise en charge
Elle repose principalement sur la vaccination (dans les 72h) ou l’administration d’immunoglobuline dans le cas d’une non-immunité (dans les 7 jours).
En Suisse, on doit déclarer obligatoirement au médecin cantonal si un patient présente une rougeole confirmée. De plus, on identifie et informe les cas-contacts
Anecdotes
Au Moyen Âge, « morbilli » est le nom latin qu’on attribuait à la rougeole ; il s’agit du diminutif de « morbus », ou « petite maladie ». Ce mot désignait plusieurs maladies de divers aspects (variole, lèpre, scarlatine…).
On utilise actuellement « morbilliforme », pour décrire tout type d’éruption cutanée ressemblant à celle de la rougeole.
En 910, Rhazès, médecin persan du Xe siècle, établit la première description de la rougeole et la distingue de la variole.