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Schistosoma mansoni ou bilharzioses

Il existe trois groupes de schistosomes : 

  • Groupe mansoni, dont S. mansoni, agent de la bilharziose intestinale
  • Groupe haematobium, dont S. haematobium, agent de la bilharziose urinaire et S. intercalatum et S. guineensis qui causent la bilharziose rectale
  • Groupe japonicum, dont S. japonicum et S. mekongi causent la bilharziose artérioveineuse.

Épidémiologie

S. mansoni se retrouve surtout en Afrique, à l’est et au sud, à Madagascar, au Moyen-Orient, en Amérique latine, et aux Antilles.

S. japonicum est strictement asiatique.

Dans le monde plus de 200 millions de personnes sont infestées, dont 9 millions souffrent des conséquences. Il entraine plus de 200’000 décès par an

 On estime qu’au moins 90 % des personnes qui ont besoin d’un traitement contre la schistosomiase vivent en Afrique.

La gravité de l’affection résulte de l’accumulation des oeufs dans le foie et la rate.

Cycle

Les oeufs de S. mansoni sont excrété dans les selles. Leur écloison permet le relargage des larves ciliées, appelées miracidia.

Les miracidia retrouvent et pénètrent des coquilles, qui constituent l’hôte intermédiaire. Des espèces spécifiques de coquilles sont infectés par différents espèces de Schistosome.

Au sein des coquilles, se développent les sporocystes.

Les sporocystes génèrent des larves infectives appelées cercariae, qui quittent les coquilles et infestent les eaux.

Les cercariae infectent les êtres humains en pénétrant l’épiderme. Elles perdent alors leur flagelle et deviennent des schistomulae.

Les schistomulaes cheminant via la circulation veineuse pour atteindre les poumons et le coeur.

Ils gagnent ensuite la circulation portale et le foie, où ils vont maturer en forme adulte sexuée (mâle et femelle).

Les schistosomes adultes se reproduisent dans le foie, ils quittent ensuite le foie via la circulation portale pour atteindre la vascularisation veineuse viscérale, où ils produisent des oeufs.

Les schistosomes survivent en moyenne 3-5 ans. Les oeufs peuvent survivre jusqu’à 30 ans après l’infection.

Transmission

La transmission à l’homme se fait par les larves du parasite qui sont libérées par les gastéropodes d’eau douce. La contamination à lieu au cours des baignades en eau douce par les oeufs du parasite ou des matières fécales contaminées.

Aspects cliniques

L’infection se développe en trois phases, qui correspondent aux différents stades évolutifs des parasites chez l’homme.

  • Phase initiale de contamination ou d’infection cercarienne = primo infection

Est le plus souvent asymptomatique. Si des symptômes se développent, il s’agit d’un léger état grippal suivi d’un rash cutané dite dermatite cercarienne. Elle se manifeste avec de maculo-papules (lésions plates et en relief),  au niveau des points d’entrée des circariae.

À cette étape il n’y a pas de transmission interhumaine car la dermatite n’est pas contagieuse.

Le grattage des lésions peut se compliquer de surinfections bactériennes. 

  • Phase d’invasion = dissémination larvaire

Aussi connue sous le nom de fièvre Katayama, peut survenir après 2 à 8 semaines après l’infection initiale lors de la dissémination hématogène des schistomulae.

Elle se présente avec une hépato-splénomégalie modérée, de la fièvre, une toux sèche, une urticaire géante ou des signes d’affection du système nerveux central.

Le pronostic est souvent spontanément favorable après 2-8 semaines, mais chez certains individus les symptômes persistent longtemps. 

La fièvre Katayama peut se compliquer en neuromyelite si le parasite atteint la moelle épinière. 

  • Phase d’état = focalisation viscérale

Lors de la focalisation viscérale les vers adultes s’accrochent aux parois intestinales.  Leurs oeufs sécrètent des enzymes protéolytiques qui leur permettent de traverser la paroi intestinale et se retrouver dans les selles.

Ces enzymes causent aussi une inflammation éosinophile et une réaction granulomateuse, qui vont entrainer des dégâts à cause de l’inflammation chronique.

Les symptômes incluent des douleurs abdominales, anorexie, diarrhée glaireuse ou sanglante, ballonnement abdominal. 

Les complications possibles sont des ulcères, l’anémie, les fistules et les obstruction intestinales. 

L’infection chronique peut causer à long terme une fibrose hépatique. Cliniquement on constate une hépatosplénomégalie avec ascite, et développement d’une circulation collatérale (caput medusae et varices oesophagiennes à risque de rupture et hématémèse).

Aspects diagnostiques

Le diagnostique peut se faire par

  • Examen clinique : rétrosigmoïdoscopie
  • Imagerie médicale
  • Laboratoire
    • Recherche d’oeufs dans les selles ou dans les biopsies de la muqueuse rectale
    • Sérologie

Traitement & Prévention

Individuel

La dermatite se traite par des soins locaux (pansements frais, crèmes émollientes), des corticoïdes topiques ou des antihistaminiques oraux.

La fièvre Katayama et les formes viscérales se traitent par Praziquantel, un antiparasitaire qui agit sur les schistosomes adultes. Il n’est donc pas efficace sur les infections récentes avant la maturation des vers.

On associe souvent un traitement par corticostéroïdes pour réduire l’inflammation.

Population

Les mesures de prévention sont également très importantes

  • Éducation du public
  • Accès aux médicaments essentiels dans les zones endémiques
  • Construction de puits pour limiter les contacts avec les eaux contaminées
  • Limitation des bains en eau trop stagnante proche des mollusques vecteurs
  • Utilisation de latrines
  • Chimioprophylaxie de masse dans les zones à forte endémicité

Microbes apparentés

Schistosoma haematobium est un autre Schistosoma particulièrement important, qui touche l’appareil génito-urinaire.

L’infection se manifeste principalement par une hématurie micro- ou macroscopique.

Elle peut se compliquer en cancer de la vessie en raison de l’inflammation chronique.

Remarques

Le praziquantel (biltricide) est le médicament recommandé par l’OMS contre toutes les formes de schistosomiase. C’est un médicament  efficace, sûr et ne coûte pas cher.