Streptococcus pneumoniae - Pneumocoque
Firmicutes (phylum) – lactobacillales (ordre)
Étymologie
S. pneumoniae doit son nom « pneumocoque » au grec ; le préfixe pneumo- signifie « souffle, respiration » et le suffixe -coque « graine, pépin ».
Aspect
Il s’agit d’un diplocoque gram positif dont la capsule est bien visible. Ce sont donc des streptocoques alpha-hémolytiques (hémolyse incomplète).
S. pneumoniae est une catalase négative, comme tous les streptocoques. Elle est anaérobe facultative.

Pathogénèse
S. pneumoniae colonise l’oropharynx en s’accrochant aux cellules épithéliales au moyen d’adhésines.
La bactérie peut échapper aux défenses de l’hôte en particulier au mucus et donc à son élimination en produisant la IgA-protéase et la pneumolysine, deux enzymes qui permettent de créer des pores dans la membrane cellulaire.
Le pneumocoque est capable de mobiliser les cellules inflammatoires au site infectieux, ce qui va induire des dommages tissulaires. Ce processus est médié par l’acide teichoïque, les fragments de peptidoglycane, l’amidase et la pneumolysine, qui déclenchent l’activation du complément et des leukocytes.
La phosphorylcholine est une protéine liant des récepteurs à la surface de plusieurs cellules, qui permet à S. pneumoniae d’entrer dans les cellules et d’être protégée contre l’opsonisation et la phagocytose.
Par conséquent, cela facilitera sa propagation vers diverses régions du corps.
En plus de la pneumolyse, le pneumocoque peut se protéger de la phagocytose grâce à sa capsule.
Syndrome clinique
La maladie survient lorsque le pneumocoque colonisant l’oropharynx parvient à se répandre dans l’organisme. S. pneumoniae génère donc différentes manifestations telles que:
- la pneumonie communautaire (infection des poumons)
- l’otite moyenne (infection des oreilles)
- la sinusite (infection des sinus paranasaux)
- la méningite (infection des méninges)
- la bactériémie (présence bactérienne dans le sang)
Fréquemment, une maladie respiratoire virale ( par exemple Influenza) précède la maladie à pneumocoque.
Les manifestations qui interfèrent avec l’élimination bactérienne facilitent également la survenue d’une maladie à pneumocoque, comme une maladie pulmonaire chronique, un alcoolisme, une cardiopathie, un diabète, une maladie rénale chronique, une dysfonction splénique ou splénectomie.
Epidémiologie
La transmission se fait par aérosols. Néanmoins, les épidémies à pneumocoques sont rares.
On constate une tendance à la baisse du nombre de cas d’infections invasives à pneumocoques (IIP) chez les enfants âgés de moins de 16 ans depuis l’introduction de la vaccination généralisée contre les pneumocoques, en 2007, en Belgique. Deux ans après l’introduction du vaccin PCV10, une évolution des principaux sérotypes responsables de l’infection invasive à pneumocoque chez les enfants de moins de 2 ans a été observée. On relève surtout une forte augmentation du sérotype 19A depuis 2015.
Diagnostic
S. pneumoniae peut être identifié grâce à :
- L’examen direct, par microscopie
Elle se présente en paire de coques Gram + allongés et entourés d’une capsule - La détection d’antigène
Le C polysaccharide peut être détecté immunologiquement dans les urines - La PCR
Indiquée surtout pour le pneumocoque dans les prélèvements de liquide cérébro-spinal - L’hémoculture
Elle permet de mettre en évidence l’alpha-hémolyse - L’identification par test de solubilité biliaire ou par susceptibilité à l’optochine
Traitement
S. pneumoniae était traité historiquement au moyen de la pénicilline. Néanmoins, elle est devenue résistante à celle-ci, ainsi qu’aux macrolides, aux tétracyclines et aux céphalosporines.
En cas d’infections sévères, on utilise une bithérapie, associant la vancomycine et la ceftriaxone, suivie d’une monothérapie de céphalosporine, fluoroquinolone ou vancomycine efficaces.
Vaccination
Il existe 2 types de vaccins sur le marché:
- le vaccin antipneumoccique polysaccharidique, PPV23
- le vaccin antipneumoccique conjugué, PCV13
Cette vaccination est recommandée aux personnes à risque (HIV; néoplasie; transplantation; maladies chroniques cardiaques, pulmonaires, hépatiques …)
Microbes apparentés
S. pyogenes est un streptocoque du groupe A, beta-hémolytique (hémolyse complète). Elle cause diverses maladies, telles que la pharyngite streptococcique, la scarlatine et le syndrome de choc toxique streptococcique (en anglais Streptococcal Toxic Shock Syndrome, STSS). Elle est connue pour son exotoxine TSST-1, un superantigène.
S. agalactiae est un streptocoque du groupe B, beta-hémolytique. Cette bactérie peut causer des maladies chez le nouveau-né à la suite d’une colonisation chez la mère (bactériémie, pneumonie, méningite). Chez la femme enceinte, elle peut causer des infections urinaires, des endométrites post-partales et des infections de plaies.
Références
Patrick Murray et al., Medical Microbiology, 8th Ed., Mosby-Elsevier. Chapter 19.