Trichosporon sp.
Basidiomycota (phylum) – Trichosporonales (ordre)
Introduction
- Trichosporon sp. est un genre de levure contenant plus de 50 espèces différentes.
- Une quinzaine d’espèces de Trichosporon sp. peuvent être pathogènes chez l’homme et sont les agents de Trichosporonoses. Ce sont des infections superficielles ou profondes relativement rares. Trichosporon asahii et Trichosporon inkin sont les espèces les plus couramment impliquées en mycologie médicale.
- Les facteurs de virulences de Trichophyton sp. inclus sa capacité à former des biofilms sur les matériels implantés ainsi qu’une résistances intrinsèques comme tous les basidiomycètes aux échinocandines (comme la casponfungine) et une sensibilités modérés aux polyènes (amphotericine B) et aux triazolés (comme l’itraconazole). Ils sont également producteurs de protéases et de phospholipases, et leur paroi contient un sucre particulier (glucuronoxylomannane, GXM) qui atténue la capacité phagocytique des macrophages et neutrophiles.
Réservoir
- Dans l’environnement, Trichosporon sp. est un champignon ubiquitaire particulièrement abondant dans les régions tropicales et tempérées.
Chez l’homme, il n’est pas systématiquement pathogène et participe parfois au microbiote du tube digestif. Il peut également coloniser transitoirement la peau et les voies aériennes.

Présentations cliniques
- Comme d’autres champignons (par exemple Aspergillus) et levure (par exemple Candida), Trichosporon sp. provoque des tableaux cliniques différents en fonction du degré et de la durée de l’immunosuppression de l’hôte.
- Chez les hôtes immunocompétents, Trichosporon sp. provoque des infections superficielles comme la piedra blanche, ainsi que des réactions allergiques tel que des pneumopathies d’hypersensibilités.
- Chez les hôtes immunodéprimés, Trichosporon sp. peut être l’agents d’infections invasives tel que des fongémies, des endocardites ou des péritonites. Il est de plus en plus fréquent, notamment en raison de la hausse du nombre de patient immunosupprimés. Par exemple, Trichosporon sp. est actuellement la seconde cause de mycose invasive chez les patients souffrant de cancers hématologiques, derrière les infections invasives causées par différentes espèces du genre Candida.
- De part sa présence à la fois dans l’environnement et au niveau de la peau et du microbiotes de certains individus, la source des infections fait toujours débats. Il est probable qu’en fonction des tableaux cliniques et des hôtes, les voies endogènes (par exemple, à partir du microbiote digestif) et exogènes (par exemple l’inoculation de microbes résidant sur la peau lors de la pose d’une voie veineuse) jouent un rôle lors de l’infection.
Piedra blanche
- La piedra blanche est une mycose superficielle principalement causée par les espèces T. inkin, T cutaneum, T. ovoides et T. loubieri.
- Elle se caractérise par la présence de nodules blanchâtres plus ou moins fermes de 1 à 3mm de diamètre, adhérant le long des tiges pilaires. Elle se développe le plus souvent sur la chevelure, mais les sourcils, la barbe et les autres zones pileuses peuvent également être touchées.
- Les femmes ayant des cheveux longs et vivant (ou revenant de voyage) dans des zones semi-tropicales ou tempérées sont plus souvent touchées.
Pneumopathie d'hypersensibilité
- En particulier en Japon, Trichosporon sp. est un agent fréquent de pneumopathie d’hypersensibilité (ou alvéolite allergique extrinsèque), au même titre que la poussière (poumon de fermier) ou les déjections d’oiseaux (poumon d’éleveurs d’oiseaux).
- Il s’agit d’une réaction d’hypersensibilité retardée (type IV), le plus souvent causé par l’espèce T. cutaneum
- La pneumopathie d’hypersensibilité peut avoir une évolution aigüe, subaigüe ou chronique et se manifeste par la combinaison de toux, dyspnée et fatigue après exposition à l’antigène.
Infections invasives
- Elles se rencontrent le plus souvent chez les patients atteint de cancer hématologique présentant une neutropénie sévère et prolongée, chez les patients greffés suivant un traitement immunosuppresseur lourd et une prophylaxie antimicrobienne (breakthrough infection), ainsi que chez les patients fragiles des soins intensifs.
- Les espèces T. asahii, T. mucoides et T. asteroides sont les plus souvent incriminées.
- Pratiquement tous les organes peuvent être touchés, provoquant des tableaux cliniques correspondant (sepsis, pneumonie, endocardite, péritonite…)
Diagnotic
- Examen direct : Sur un échantillon de poils/cheveux, une biopsie d’organe ou un fluide biologique, Trichosporon sp. peut être reconnu à la coloration PAS ou Gomori-Grocott. La présence d’arthrospore et de filament septés régulier est typique.
- Culture : En plus d’être observé directement, les prélèvements peuvent être mis en culture sur une gélose Sabouraud sans Actidione.
- Sérodiagnostic : Test sérique à la recherche de (1→3)-β-d-glucan, un composant de la paroi des nombreux mycètes comme Candida sp. et Aspergillus sp, dans le cadre d’infection invasive. La sensibilité et spécificité de ce test sont toutefois mal connus, mais probablement faible. La détection de GXM, un sucre particulier que Tricophyton sp. a en commun avec le Cryptococcus neoformans, est en théorie également possible, mais est encore mal étudié.
- Biologie moléculaire : Une PCR peut être utilisée afin de détecter la matériel nucléaire de Trichosporon sp. dans des biopsies ou des fluides (LBA, LCF, sérum…).
Traitement
- Pour la piedra blanche, le traitement consiste en un rasage des poils/cheveux touchés et en l’application topique d’imidazolés
- Pour les reactions d’hypersensibilitées retardée, le meilleur traitement reste la suppression de l’exposition à l’antigène, ce qui peut être compliqué lorsque ce dernier est ubiquitaire. De plus, un traitement immunosuppresseur (principalement avec des stéroïdes) peut aider à soulager les symptômes mais ne semble pas suffisante pour modifier à long terme l’évolution de la maladie.
- Pour les infections invasive, le traitement reste aujourd’hui très limité : L’amphotéricine B à souvent une concentration minimale inhibitrice plus élevé que la concentration retrouvées dans le sang des patients traités. Les échinocandines sont quant à elles le plus souvent inefficaces à causes de résistances naturelles, et ont tendances à conduire à des breakthrough infection chez les patients déjà sous traitements.Les données à propos de la 5-fluorocytosine sont peu nombreuses et controversés, rendant sa recommandation difficile. De tous les agents antifongiques disponibles pour le traitement de mycoses invasives, les triazolés semblent avoir la meilleure action in vitro et in vivo, en particulier le voriconazole. Il est possible que des combinaisons d’antifongiques puissent conduire à des synergies et une amélioration de la survie.