Yersina pestis
proteobacteria (phylum) enterbacterales (ordre)
Aspect
- Gram négatif
- non flagellée
- encapsulée
- uréase négatif
- immobile (ce qui permet de la différencier des autres Yersinia spp)
- C’est une bactérie aéro-anaérobie facultative. Sa culture est lente, mais facile sur des milieux standards tempérés à 28 – 30 °C, et jusqu’à 37 °C.

Pathogenèse
Y. pestis possède un certain nombre de facteurs de virulences:
- Les protéines de surface Yops – Yersinia outer proteins– qui bloquent la phagocytose, inhibent les cytokines proinflammatoires des macrophages, et détruisent le cytosquelette des cellules cibles
- Les protéases Pla – Plasminogen activator – (encodées sur le plasmide pPla) qui ont des propriétés invasives, fibrinolytiques et anticoagulantes (responsable de la peste septicémique et pulmonaire).
- Des sidérophores qui permettent de capter le fer du milieu extérieur pour permettre la survie des bactéries.
Mode de Transmission
Le vecteur primaire de la peste est la puce qui s’infecte avec Y. pestis pendant le repas par ingestion de sang contaminé de rongeurs. La transmission vers l’homme se fait par une piqûre de puce contaminée. En effet, la bactérie provoque un obstacle dans le canal alimentaire de l’insecte ce qui engendre la regurgitation de Y. pestis dans la circulation sanguine du prochain hôte piqué.

Epidémiologie
La peste est très rare de nos jours mais ne peut pas être éradiquée, entre autre car l’homme n’est pas le seul réservoir (rongeurs et puce).
Les données les plus récentes relèvent 3248 cas entre 2010 et 2015 (majorité en Madagascar, Congo et Pérou). Entre 2015 et 2020 il y a eu quelques cas en Mongolie et aux États-Unis.
Syndrome
Après la morsure de puce, le germe se développe localement. L’incubation dure entre 3 et 6 jours. Ensuite la bactérie atteint le ganglion par la voie lymphatique (souvent inguinal en cas de morsure aux membres inférieurs). La persistance de la bactérie dans le ganglion lymphatique provoque le gonflement et la suppuration locale. Cette forme clinique est appelée peste bubonique (bubon étant un terme utilisé pour décrire le ganglion attaqué par ce germe). Ce stade local est curable et le malade est peu contagieux.

Dès que la barrière lymphatique est franchie, le germe se dissémine dans le sang et provoque la peste septicémique qui est rapidement mortelle.
Au cours de la dissémination les poumons peuvent être atteints. Cette pneumonie rend le malade très contagieux, ce qui permet la transmission interhumaine par voie aérienne, provoquant la peste pulmonaire sans passer par le stade bubonique.
Le dernier stade de la peste est la peste noire qui se présente comme une nécrose, d’abord des extrémités et ensuite des autres parties du corps.
Diagnostic
Le diagnostique bactériologique requière l’examen direct sur des prélèvements de pus (ponction de bubon), de sang, ou respiratoires (crachats, prélèvement pharyngés….). Il peut uniquement être effectué dans les laboratories avec « biosafety level 3 » (BF3). Pour identifier l’espèce on peut soit utiliser le profil biochimique, soit utiliser un bactériophage qui lyse uniquement Y. pestis.
Il existe un test rapide qui détecte spécifiquement l’antigène F1 qui fait partie de la capsule bactérienne.
La sérologie n’est pas utile car le diagnostique doit se faire rapidement après l’infection.
Traitement
Il existe une prophylaxie post-exposition pour les personnes qui ont été en contact avec des malades.
Dans le traitement de la peste, les antibiotiques suivant sont généralement prescrits : tétracyclines ou fluoroquinolones. Il faut noter que la majorité des cas de pestes sont retrouvés dans les pays à faible et moyen revenu, dues à des conditions d’hygiène insuffisantes.
Remarques
- La peste ne peut pas être éradiquée car l’homme n’est pas le seul réservoir (rongeurs et puces).
- La peste était la première arme bactériologique. Le corps ou les morceaux de soldats morts de la peste était catapultés sur l’ennemi. On pourrait à l’avenir s’inquiéter de l’utilisation de ce germe comme arme de bioterrorisme.
- La peste a tué environ 200 millions des gens.
- Premièrement Y. pestis a été classée dans les pasteurella ssp., mais à cause de son pouvoir pathogène, ses propriétés biochimiques et enzymatiques qui sont très différents, le genre Yersinia a été créé pour la distinguer.
- Il existe une maladie autosomique recessive FMF (Fievre méditerranéenne familiale) qui à l’état hétérozygote peut conférer un avantage séléctif face à la peste. Elle touche les populations du pourtour méditerranéen.
- Elle a été découverte en 1894 par un Suisse Alexandre Yersin (1863-1943) et un japonais Kitasato Shibasaburō (1853-1931) durant une épidémie de peste à Hong Kong
Espèces apparentées
Le genre Yersinia comprend trois espèces qui sont importantes de point du vue médical : Y. enterocolitica, Y. pseudotuberculosis, et Y. pestis. Elles peuvent toutes s’échanger des plasmides. La situation particulière de Y. pestis est qu’elle a évolué à partir de Y. pseudotuberculosis par acquisition et perte de gènes de virulence.