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Infections ostéo-articulaires

Définition

Il s’agit d’une infection touchant l’os ou les articulations lies ou non à du matériel étranger causée par la présence de germes. Il s’en suit une destruction du cartilage et de l’os sous-jacent par des enzymes protéolytiques et par l’interaction directe entre le cartilage et les bactéries.

Les infections ostéoarticulaires sont très fréquentes et souvent très invalidantes.

Ethiologie

Divers pathogènes peuvent être incriminés lors des infections ostéoarticulaires.

Arthrite bactérienneS. aureus chez l’adulte et les enfants, Kingela kingae chez les nourrissons, Streptococcus sp., N. gonorrheae, E. coli, P. aeruginosa, S. epidermidis, H. influenzae, M. tuberculosis oumycobacteri, B. burgdorferi.   
Arthrite viraleParvovirus B19, HBV, HCV, rubella, VIH   
Arthrite fongiqueHistoplasma, Sporothrix schenckii, Blastomyces, Coccidioides   
OstéiteS.aureus S.epidermidis, P. aeruginosa, Enterobacteriaceae, M. tuberculosis, P. multocida et Fungi.   
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Mode d'infection

L’infection microbienne peut se faire de plusieurs manières : 

  • Soit par voie hématogène (forme la plus commune) grâce à une synoviale très vascularisée et sans membrane basale, depuis une source à distance (comme un abcès, une plaie infectée), ou par dissémination comme pour la gonorrhée.
  • Soit par voie locorégionale par contamination directe d’infection contiguë ou de manière iatrogène post manipulation par arthroscopie ou ponction articulaire ou sur infection de prothèse.

 

Facteurs de risque

  • Prothèses articulaires
  • Avoir subit une/des interventions du type injections intra-articulaires
  • Antécédents de pathologie articulaire (du type polyarthrite rhumatoïde)
  • Immunosuppression
  • Diabète
  • Âge > 80 ans
  • Infections cutanées chroniques
  • Toxicomanes intra-veineux

Clinique

Arthrite bactérienne Pour les patients souffrant d’une infection native de l’articulation, celle-ci se présente généralement par un gonflement aigu chaud et rouge, douloureux, avec une limitation de la mobilisation, de la fièvre.  Alors que chez les patients avec une infection de prothèse, on aura plutôt une affection subaiguë voire chronique avec une symptomatologie parfois difficile à diagnostiquer.
Arthrite virale L’infection diffère de l’arthrite bactérienne. En effet,  pour les infections virales on aura une atteinte le plus souvent poly-articulaire de différentes petites articulations. Contrairement aux affections bactériennes, il n’y a généralement pas de destruction du cartilage.
Arthrite fongique La clinique est très variable et peut être tant aigüe que chronique et est souvent accompagné de symptômes d’infection disséminée.
Ostéite L’infection peut être aiguë ou chronique. La fistule est un signe clinique qui caractérise l’ostéite.

Diagnostic

Le diagnostic des infections ostéo-articulaires s’effectue en plusieurs étapes:

    • Dans premier temps, il se base sur la clinique
    • Ensuite, on recherche des signes biologiques par une prise de sang (CRP augmentée en cas d’infection aiguë mais pas en cas d’infection chronique et leucocytose observée)
    • En troisième lieu, des radiographies peuvent être réalisées:  la radiographie est peu utile en stade précoce car on ne verra que des oedèmes des tissus mous. En phase tardive on peut l’utiliser pour évaluer l’atteinte osseuse. L’échographie peut être utile pour aider à la ponction (ponction écho-guidée). L’IRM est réservée aux arthrites de localisation difficile (comme pour l’articulation pubienne) ou pour voir s’il existe une ostéite associée. (attention, l’IRM ne peut pas distinguer une arthrite septique d’une arthrite inflammatoire d’autre étiologie, il ne faut donc pas se fier à cet examen seul pour le diagnostic différentiel)

    • Enfin, un diagnostic microbiologique sur les prélèvements ostéo-articulaires telle qu’une biopsie osseuse ou une ponction articulaire et une hémoculture (positive seulement dans 10 à 60% des cas) doivent être réalisée avant l’administration d’antibiotiques et permettent d’adapter et augmenter l’efficacité de l’antibiothérapie. Une cytologie, un examen direct et une culture bactérienne seront alors réalisées. La cytologie indiquera des leucocytes > 50 000/µL dont 75% de PMN, une diminution du glucose (inférieur à la valeur sanguine) et une augmentation de l’acide lactique. On fait également une recherche de cristaux et une CRP si le patient a une prothèse                                                                                Remarque: en cas d’arthrite virale ou fongique le diagnostic se fait surtout par sérologie et par l’analyse du liquide synovial (mais sensibilité variable)

Traitement

Le traitement des infections ostéoarticulaires varie en fonction de la cause et de la gravité. Il consiste principalement en une antibiothérapie. En fonction des sites d’infections, un traitement chirurgical peut être effectué pouvant conduire dans certains cas à une amputation et très souvent une immobilisation du patient est recommandée .

  • En cas d’infection aiguë, le traitement doit être donné urgemment. On administre alors un traitement empirique sur base du GRAM (oxacilline si GRAM positif et oxacilline associé à ceftriaxone si GRAM négatif). L’antibiotique administré pourra être réadapté après le diagnostic microbiologique.
  • Les infections touchant le matériel (vis, prothèse, clou, …) nécessitent une prise en charge délicate car le pathogène incriminé est souvent une bactérie résistante aux antibiotiques.
  • En cas d’arthrite virale, le traitement est purement symptomatique car infection généralement « self-limited ».

Les traitements sont longs et coûteux. Dans tous les cas, ils nécessitent un suivi important afin de prévenir d’éventuelles rechutes ou complications.

Impact sociétal

Les infections ostéoarticulaires constituent un problème de santé publique majeure du fait de leur prévalence, du manque de traitement curatifs et de leur caractère invalidant. De plus, les infections ostéoarticulaires sont associées dans plus de 70% des cas à d’autres comorbidités. 

Les infections ostéoarticulaires présentent une prédominance chez l’homme. La prévalence est plus importante chez les personnes âgées et chez les personnes souffrant de malnutrition. En 2020, la prévalence eu Europe était de 70/100 000.